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La dose de cuivre tombe à 4 kg/ha.an lissée sur 7 ans

28 novembre 2018

Par Alexandre Abellan  www.vitisphere.com

À 28 kg/ha sur sept ans, « la réussite est modérée, mais il faut se rappeler d’où l’on est parti » souligne un lobbyiste européen. - crédit photo : INRA

 
Faute d'alternatives, des impasses techniques sont à prévoir suite au vote de la Commission Européenne. Réduite, la dose adoptée ne conviendra pas à tous les terroirs s'indigne-t-on dans la filière, bio comme conventionnelle.

Le verre est à moitié plein. Quitte à passer pour un peine-à-jouir, le vignoble français n'accueille pas avec un air béat le vote, ce 27 novembre par la Commission Européenne, de la réhomologation communautaire du cuivre. Au contraire, le compromis tout juste voté suscite les soupirs de déception et non de satisfaction dans le vignoble hexagonal. Dès le premier février 2019, les agriculteurs européens en général, et les vignerons français en particulier, verront leur utilisation du cuivre métal plafonnée à 28 kilos par hectares sur sept ans. Soit une dose annuelle de 4 kg par hectare et par an avec un lissage sur sept ans, quand la limite actuelle était de 6 kg/ha/an sur une moyenne quinquennale.

Si elle peut toujours sembler un moindre mal à l'interdiction pure et simple, un temps évoquée à Bruxelles, ou que les 4 kg/ha.an sans lissage sur cinq ans, proposée par le rapport* de l’Autorité Européenne de Sécurité des Aliments (EFSA), cette dose ne satisfait pas les représentants français. « D’après nos statistiques, on va laisser 20 % des vignerons français sur le carreau. Sur les cinq dernières années, un vigneron sur cinq dépassait les 4 kg/ha.an. On est mal… » résume Thomas Montagne, le président des Vignerons Indépendants de France (VIF) et de la Confédération Européenne des Vignerons Indépendants (CEVI). Jusqu’au dernier moment, le vigneron provençal a défendu le maintien des 6 kg/ha.an, pensant notamment aux vignobles de Champagne, de la région Atlantique… Et aux risques de coup de frein dans les conversions à la bio.

 "2018 a montré que ça ne pourra pas fonctionner"

 « C'est une très mauvaise décision. La pression mildiou du millésime 2018 a montré que ce système ne pourra pas fonctionner » tranche Bernard Farges, le président de la Confédération Nationale des producteurs de vins AOC (CNAOC) et de la Fédération Européenne des Vins d'Origine (EFOW). Le viticulteur bordelais n'ayant jamais cru à la possibilité d'une non-homologation, il regrette la perte du statu quo : « les 6 kg/ha.an étaient un très bon dispositif qu'il fallait garder tant qu'il n'y avait pas d'alternatives viables et sérieuses ».

Cette dose « n’est pas forcément ce que l’on souhaitait, mais tout le monde a fini par comprendre que l’on ne peut pas sortir des produits chimiques en interdisant les alternatives. Même si le cuivre n’est pas la panacée » analyse Sylvie Dulong, la secrétaire nationale pour la viticulture de la Fédération Nationale de l’Agriculture Biologique (FNAB) et membre du bureau de la Fédération Internationale des Mouvements de l’Agriculture Biologique (IFOAM Europe).

Plan national cuivre

La vigneronne bordelaise se félicite que l’état français prépare un plan national sur le cuivre, conformément aux propositions de la FNAB. Devant être annoncée début 2019, cette feuille de route doit être portée par les ministères de l’Agriculture, de l’Économie, de l’Environnement et de la Santé. « Il faut que la viticulture soit présente dans ce plan national » conclut Thomas Montagne. En espérant que les résultats de ce groupe de travail français permettent d'ouvrir de nouvelles voies et d'éviter les impasses, voire contournements, qui s'annoncent. Il ne reste plus que cette piste pour voir le verre à moitié plein.

 

* : Remis en cause par les experts, les modèles de calcul de l’impact environnemental du cuivre doivent être révisés par l’EFSA pour la prochaine réhomologation, en 2025.


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